A la base un repas de famille, c'est long, c'est ennuyeux, on y vient par obligation. Généralement, on se fait trainer de force par nos parents, car ça fait huit ans, que nous n'avons pas vu nos grands-parent. On a fait la gueule tout le trajet, en pensant à notre grasse mat' amputée car il faut être sur place à midi. Maman a évidemment fait brailler mon interphone à 8h 00, maugréant car je n'étais pas prête.
10h00, après que ma mère ait pesté autant de fois, que les heures comptent de secondes et avalé une demie cafetière, je me retrouve violemment propulsée dans la voiture. Devant le paysage déprimant de la Beauce, je songe à ma grasse mat', au fait que le temps est trop bleu, pour aller déjeuner avec des inconnus, qui n'ont pas plus envie que moi d'être là, mais les liens du sang nous y oblige.
Pourtant j'aurais eu clairement mieux à faire... comme dormir, glander chez moi, ne rien faire.
A peine à mi-chemin, alors que je conversais via sms, avec une amie compatissante , je découvre que mon opérateur mobile ne couvre pas la zone. Bienvenue en enfer ! L'ambiance, dans la voiture est électrique. Le café a surexcité ma mère. Elle ronchonne nous sommes en retard, et le GPS, qui ne peut plus se synchroniser... Les travaux, et le retard causé par ma faute, l'excède. Je noie mes yeux dans le paysage qui semble interminablement identique. Au bout de deux heures et demie, nous sommes faces au lieu du rendez-vous... Un restaurant gastronomique, "le relais de chasse", une salle a été réservée pour la famille seulement. Ils tiennent à ce qu'on fasse réellement une overdose généalogique. Embrassades, hésitations. C'est Christine là-bas, oh le coup de vieux ! Axelle , je t'aurais pas reconnu, en même temps la dernière fois que je t'ai vu , tu avais un an et demi. Tu deviens quoi maintenant ? Ah, ingénieur chez Thomson ! Psst Eh maman, c'est qui la vieille dame qui m'a sauté au cou avec la veste fuschia ? Tata Danielle ? ah ouais j'en ai une qui s'appelle comme ca. T'aurais pu, nous faire un trombinoscope, on aurait eu le temps de le potasser sur la route.
On cherche nos noms sur le plan de table. Bingo ! Ma mère est à huit tables de moi, et ma frangine de 20 ans, est à la table des poussins, entourée de bouteilles d'oasis. Elle me fait des signes désespérés pendant le repas, alors qu'une prétendue collatérale de 4 ans, se sert allègrement à pleine pognes dans son assiette. La même peste qui tout à l'heure, plongeait ses mains dans le sable du cendrier extérieur. A la mine réjouit de ma frangine, je me dis que j'ai eu de la chance, de me retrouver face à ma cousine issue de Germain ( d"ailleurs je le connais pas celui-la) qui n'a visiblement rien de plus à me dire que " je pourrais avoir de l'eau/ du sel/ du pain" et mon cousin militaire, qui se vante de ses exploits de brasse-bouillon.
Je me demande encore comment ai-je fais pour me retrouver là, après huit ans de quiétude... Toutes les bonnes choses, ont une fin... Justement ce repas est interminable, à croire que les bisaïeuls ont payé le traiteur, pour qu'il apporte le dessert qu'après leur mort, histoire de nous garder facticement auprès d'eux , le plus longtemps possible. S'en vient les traditionnelles photos de groupes, où le photographe peine à nous faire sourire. On stationne debout depuis 40 minutes, le soleil dans les yeux, car les petits tiennent pas en place, les vieux sont pas dans le cadre, et que Tonton Gilbert était parti pisser. Comment veux- tu que l'on sourit, on s'est tapé la route, le discours de Pépé, le repas des chasseurs, et Aimable et son orchestre en fond sonore...
Les repas de famille, c'est bien quand on dit au revoir. On claque 80 bises, sur 40 pommes. C'est le festival de la joue : La joue poisseuse de bambins, la joue anorexique, de la joue rebondie, de la "qui-pique de barbus", de la parfumée, de la boutonneuse, de la douce...Le salut sonne au bout de la 80 ème bise, on en a presque un torticolis.
La prochaine fois, les vieux c'est moi qu'invite, et pas de panique ça sera rapide et ludique. On finira tous au quick de 12h02 à 12h10, évidemment on se retrouve au drive !
Ce petit texte, tout bien formulé, me plait fort bien.