Lorsque chaque matin j'enfile mes vêtements de « col- blanc », je suis toujours surprise par l'image que je vois dans la glace. La fille aux couleurs ternes, aux cheveux brushés, perchée sur des talons, même si j'y crois à peine, c'est bien moi. Dans quelques minutes, la mallette à la main, l'i pod, sur les tympans, je me noierais dans la masse des « cabans - bancable », qui arpentent la rue à grandes enjambées.
J'entrerais dans ce grand édifice, froid et austère, je sourirais à l'hôtesse à l'amabilité professionnelle. Assise à mon bureau, semblable aux vingt autres bureaux, je ferais mine d'ignorer ma tentative désespérée de me démarquer. Je regarderais mon pot à crayons – canette, la photo des « jours – heureux », et mon tapis de souris « So-cute », sans songer au fait que j'enverrais bien valser ce carcan professionnel. Au fond, je suis quoi… Je ne suis pas la fille ennuyeuse du bureau L101.05, qui fait son travail consciencieusement, sans vague, sans débordement. Je ne suis pas la «Jeune du fond », le numéro de paie 55636, ni même l' « assistante du chef de secteur ».
Souvent je rêve de balancer mes escarpins dans la tête du PDG, lui dire que je suis fondamentalement de gauche, qu'Adam Smith et moi on a jamais été potes, que le capitalisme me rend barge. Lui dire, même que j''ai menti aux recruteurs, être ici, ce n'est pas le rêve de ma vie. Croyais-tu vraiment, qu'à 5 ans, je pouvais rêver d'être « assureur » ? Bien sûr que non ! Je rêvais à de nouveaux horizons, à des aventures, et à un « métier- passion » Moi, j'aime la couleur, le reggae, courir sous la pluie, faire des feux de bois avec mes amis, des bulles de savons. L'été, le week-end, je suis en fiesta. Je danse la salsa, je bois, et je rentre à dos– de- potes, car les escarpins ce n'est vraiment pas top. Je finis épuisée, à dormir dans un duvet. Je me sens vivante, les cheveux ébouriffés, bien dans mes kicker's, ivre de joie.
J'éclaterais volontiers les boutons de mon chemisier. De ma veste, je me ferais un turban. Je peindrais mes ongles aux stabilos, porterais un t-shirt « j'aime la bière », courrais dans les couloirs, et ferais du ventre-glisse sur ton parquet. Déguisée, travestie, standardisée, au nom du salaire que tu me verses. Le pire dant tout ça, c'est que jamais, pourtant, tu ne me verras m'élever au dessus des codes, à part peut-être pour le pot à crayons …
C'est marrant mais en ce moment j'ai q'une chose en tête, me barrer de mon tf. Me barrer avant de péter les plombs, avant de dire aux clients que j'en ai rien a foutre qu'ils soient pressés. Elle est ssi bien que ca t'as vie tu peus pas en perdre 5 mn ? Alors case toi va commander ailleurs, t'inquiete je serai pas vexé, ca changera rien a ma paie et au moins j'aurai pas ta gueule de con en train de souffler les yeux rivés sur ca montre, en panique car il va rater le début de la star ac'.............................................................................................. Voila juste pour dire que moi aussi j'aimerai bien faire du ventriglisse au taf. Mais ya pas assez de place. Faut que je change de job