Pendant longtemps tu n’as pas su, sur quel pied danser… J’étais sans doute trop versatile, trop fragile. Je passais du rire aux larmes, sans que tu ne saches pourquoi. Je ne mettais pas les mots sur mes maux. Tu es un cartésien, un poil terre à terre, et moi je me nourrissais de contes, et d’histoires extraordinaires. Tu te prêtais au jeu, sans vraiment y croire, mais je savais que pour moi t’aurais décroché la lune, et des étoiles avec, si j’avais voulu.
Tu étais fasciné par la couleur de mes yeux, l’ourlé de ma bouche, et la douceur de ma peau. J’étais ce qui t’était arrivé de plus beau, mais de plus effrayant aussi. Tu n’étais pas à l’aise avec moi. J’attendais tant de toi, que la pression était forte. Tu te demandais quel avenir pour nous deux, et lisais dans mes yeux, une vaste incompréhension.
J’opinais de la tête au menton, je passais ma main dans tes cheveux, je laissais sur ta joue l’empreinte d’un baiser mouillé.
Les années ont filées et moi avec. Je t’ai ri au nez, comme on se moque d’un vieux con, et j’ai filé loin de tes sermons. Tu n’as pas su me retenir, et je t’en ai voulu. Tu m’as laissé vivre ce que je devais sans jamais t’opposer. Tu m’as vite expliqué, qu’il fallait faire ses propres expériences.
Les soirs de détresse, c’est à ta cravate que je me pendais. J’inondais souvent ta veste de mes larmes de crocodile . Je monopolisais ta ligne téléphonique pendant des heures. J’oubliais que toi, t’avais une vie, une femme, un appartement, une voiture à laver mais plus de chien…
On a mis des années à s’apprivoiser. Tes voyages, mon inconstance, nos non-dits, et mon insolence, ont fait qu’il fallait se redécouvrir après chaque silence. Tu sais combien je te suis reconnaissante, de m’avoir toujours soutenue quelque soit mes choix. Je sais que tu m’aime envers et contre tout, qu’importe le chemin que je décide de choisir, tu seras toujours là, au bout du chemin à faire le pitre pour me faire sourire.
Tu as cette pudeur, cette réserve, tu évite les curiosités mal placées. Tu m’écoute, me conseille sans jamais me juger, ni me faire la morale. Je te confie mes déboires amoureux, mes petits malheurs, plus aisément qu’à mes meilleurs amis.
Alors, si on me demande aujourd’hui, qui sont mes meilleurs amis, à tous les coups, j' inclue mon père…
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J’ai définitivement repris la cigarette. 23h30, dans l’appartement tout beau, tout grand, j’entends les chats se poursuivre. Kits se pend au rideau, Aka lui saute dessus. Même pas la force de gueuler… Je suis fatiguée de toute façon. D’une fatigue plus morale que physique. J’ai dormis pendant deux semaines de tout mon soul, et pourtant ma tête a besoin de repos. Ce soir le canapé est squatté, une PS3 alimente toute l’attention de l’assistance. Je vaque donc à mes occupations, guettant une éventuelle connexion sur msn. J’ai commencé « la consolante »… Je maudis le style. C’est brouillon, c’est bobo. L’illustration de la couverture est parfaitement le reflet du livre… J’abandonne la lecture… Charles et ses mystères, et ses non-dits, me prennent la tête. La critique à encenser ce torchon… Je continuerais demain, il y a certainement une raison, reste à savoir s’il ne s’agit pas juste du nom de l’auteur.
Emmitouflée dans le plaid vert luciole, je suis bien là… une bouffée, la fumée… J’aurais presque envie de renouer avec le café… Comme la semaine dernière… Entourée et seule. La solitude revêt parfois des aspects inattendus. Il n’y a que les sirènes de GTA, la guerre des chats. Les touches du clavier, emplissent les 44 m2 de séjour. Pour sûr, ça manque de meubles, de tapis ici, et de moi aussi. Je regarde la décoration, et je me dis que le style épuré c’est pas mal. Du moi, ici ou là, y’en a presque pas… Il me manque un masque africain où est-il passé celui-là. Ce masque d’ébène, avec ce visage de femme cornue… Disparu, ça me chagrine de voir, qu’en tout et pour tout… J’ai pour repère ici, que ma veste et cet autre masque, posé négligemment sur le buffet. Les fleurs offertes, pour ma pendaison de crémaillère ont fanés. Les pates sont toujours dans la gouttière et la pluie n’arrange rien à l’affaire. Je me résigne à reprendre une clope, et californication, là où je l’avais laissé. Je mets tout en vrac pour mieux ranger. Des questions sans réponse, des idées mal fagotées… Il manque à ma vie. Cette vieille camarade de lycée, qui étudie la propédeutique… C’est quoi au juste ?
Pas la curiosité de chercher… La PS3 s’est tu, plus de bruit de lui non plus… Il s’est endormi…et moi depuis combien de temps je dors ?
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