Lundi 20 juillet 2009 à 2:45

Je pianotais des doigts sur la table, et tenais dans l'autre main une coupe d'un affreux champagne trop vert. Je tentais de trouver dans la foule des invités quelques têtes connues. J'échangeais quelques mots avec le père du marié. Les compliments d'usage, la beauté de la mariée, l'élégance de son fils, la salle si rustique le discours du maire.si drôle..Je me perdais en banalités pour ne pas rester l'esseulée, perchée sur ses talons, qui vidait coupe sur coupe pour se donner une certaine constance. A qui parler ? Que faire, pour ne pas avoir l'air de s'ennuyer ferme, et d'être trop seule dans ce monde de couples ?  Saluer les mariés, les accaparer le temps d'un verre à leur santé. Sourire à la grand-mère, aider mémé à s'asseoir, faire passer l'assiette de petits fours.Sourire encore, boire à nouveau...
Une cigarette pour casser le rythme de la valse des flutes de champagne vidées. Peut-être qu'au bout de dix coupes, le serveur ne me reconnaitra plus, ou qu'a force de faire couler ces bulles en moi, je noierais la culpabilité qui m'assaille quand je lui tends à nouveau ma flute ?
Soudain, je découvris un homme qui lui avait la parade. Il tenait tant et si bien son rôle, qu'on aurait pu croire qu'il avait été engagé par les mariés. Il portait une chemise noire, un pantalon qui en y regardant de plus prêt n'était qu'un simple jean noir. Il ne chaussait pas les mocassins de rigueur, mais une paire de Vans foncées. Je décidais de lui piquer sa technique, et de mitrailler tout ce petit monde qui fourmillait. Tous semblait avoir leur place, leur rôle à jouer, sauf lui et moi. Le marié cherche sa toute neuve femme. La mariée soupire en voyant l'état de son jupon. La belle mère houspille le traiteur. La Grand-mère avale tous les macarons à la fraise. Je mitraille en rafale. Je les immortalise. La mariée minaude. Le marié est ivre. La témoin de la mariée raconte avec force de détails l'enterrement de vie de jeune fille.
Soudains je la vis... Elle grimpait dangereusement sur une chaise pour être dans ma ligne de mire. Elle faisait mine de passer devant moi sans voir l'objectif. Elle devint de plus en plus insistante. S'invitant davantage sur les différentes photos, l'air détaché mais le sourire aux lèvres comme un trophée. Son manège durait et m'amusait beaucoup. Je l'invitais à venir seule devant l'objectif. Elle se tenait maladroitement face à moi. Elle soulevait son jupon et laissait apparaitre une  paire de basket plus très blanches. Elle se forçait à sourire à l'objectif de toutes ses dents.  Elle a dans le regard cette malice éclatante, et la certitude d'être magnifique. A 5 ans, on l'est forcément, on ne se pose même pas la question, c'est évident. Le photographe à la chemise noire de l'autre coté de la pièce a immortalisé le moment. Je faisais face à cette starlette décadente en puissance et je souriais à mon tour de toutes mes dents.  L' arroseuse arrosée a sorti son ciré. J'ai demandé son prénom à cette pettie princesse au jupon de tulle, et la minuscule Octavie a courru vers son père qui n'était autre que le photographe d'en face. Je vins à leur rencontre, je lui montrais les clichés de sa starlette de fille, et il me montra, ce grand sourire qui se dissimulait à peine derrière mon boitier.  Génée, je réorientais la conversation sur sa fille.Je le complimentais sur sa fillette, demandait son âge. Celle-ci, me dit de but en blanc : " tu sais mon papa n'a pas d'amoureuse , il est tout seul"  Cette fois ci , c'est lui qui a manqué de s'étouffer avec son petit four. " Non, il est pas tout seul , il t'a toi ?" Argument normalement infaillible pour les petites filles en phase oedipienne, chose qu'elle ne semblait pas connaitre. Elle m'expliqua alors ;" Oui, mais moi c'est pas pareil, je suis sa muse, pas son amoureuse, c'est mieux d'être une muse, tu vois, car c'est plus grand que l'amour". Merci fillette, j'y songerais, quand je serais grande, je serais muse, ou je ne serais pas ...



"Certaines personnes portent en elles,
d'une manière inexorable,
le compte à rebours du saccage intime."
David Foekinos




Lundi 20 juillet 2009 à 1:42



La fille de par le vent

Est arrivée un jour du ciel
Et j'ai compris que l'essentiel
C'était que rien n'est important

La fille de par le vent
Elle est tombée un jour sur moi
Elle n'a pas de chance
Suis qu'un pauvre gars qui décolle jamais
Et qu'a pas d'ailes
Mais j'apprends vite
Des ailes je m'en ferai en carton
Viens on prend la fuite
C'est ça partons

La fille de par le vent
Elle a soufflé sur ma peau
C'était doux comme un vol d'oiseaux
Mais violent comme un ouragan

La fille de par le vent
Elle a balayé mes envies
En ne laissant que de la vie
Et de l'espoir
Tout simplement

Si tu m'invites
A n'être libre qu'en chutant
Je lâche tout je quitte
Ce qui me rend mourant
Et pour la suite
On prendra l'air et ses courants
En s'abreuvant des limites
De l'espace et du temps

Je la sens par delà des cimes
Qu'elle fait danser dans l'orage
Elle ne le sait pas mais la dessine
Pour moi des formes dans les nuages

La fille de par le vent
Elle veut faire le tour de la terre
Et me dit même que l'univers
Pour nous ce n'est pas assez grand

La fille de par le vent
Ne croit plus trop en l'être humain
Mais quand elle s'imagine demain
Elle dit qu'avec moi elle l'attend
Ce n'est pas un mythe
La vie est belle dans ses tourments
Et les rêves qu'on abrite
Nous la font joliment

La fille de par le vent
Emporte tout sur son passage
Les maux et les mauvais présages
Partent avec elle au firmament

La fille de par le vent
A pris mon cœur dans ses bagages
Mais peu importe s'il voyage
Il s'enrichit c'est l'important

Ma réussite
Je ne l'imagine plus en chantant
Mais dans l'art qu'elle suscite
Quand elle s'habille en blanc
Ma réussite
Je ne l'imagine plus dans vingt ans
Mais ce qu'il l'abrite ici et maintenant

Je la sens par delà des cimes
Qu'elle fait danser dans l'orage
Elle ne le sait pas mais la dessine
Pour moi des formes dans les nuages

La fille de par le vent
Elle veut faire le tour de la terre
Et me dit même que l'univers
Pour nous ce n'est pas assez grand

La fille de par le vent
C'est une tornade dans un soupir
C''est une bise dans un sourire
Qui dévaste mes fondements
La fille de par le vent
Elle a brisé l'idée de pierre
Qui me dit que tout est sur terre
En sûreté
Eh bien non !

Vendredi 5 juin 2009 à 18:51


Ses mots, sa bouche, le timbre de sa voix, sa nervosité, ses mains douces et graciles, la commissure de ses lèvres, son rasage à la biscotte, la profondeur de son regard, ses bras rassurants, son rire, ses danses improvisées qui ne ressemblent à aucune danse répertoriée,sa nuque, ses volutes de fumée qui emplissent la pièce, ses mots doux soufflés dans l'intimité de la couette, son parfum, sa famille, ses baisers, son visage fermé par la colère, ses doigts intrépides et explorateurs, son air triste,ses amis, son mépris,sa musique, le creux de son cou,  sa joie, sa gêne, son air taquin, ses désirs, sa malice, son inquiétude, la finesse de sa peau qui m' électrise,ses non- dits, ses absences qui s'éternisent, son sourire post -orgasme, ses fesses cachées sous d'amples vêtements, ses convictions et ses avis que nous ne partageons pas obligatoirement 

font sa beauté tout simplement ...

Jeudi 28 mai 2009 à 2:51

On s’est rencontré, il y’a longtemps toi et moi. A l’époque, tu avais trente trois ans, une vie bien rangée, une maison, une femme, la pelouse à tondre, et la voiture à laver. Je suis arrivée dans ton univers, un soir d’hiver, et j’ai tout chamboulé avec mon rire de gamine.

Pendant longtemps tu n’as pas su, sur quel pied danser… J’étais sans doute trop versatile, trop fragile. Je passais du rire aux larmes, sans que tu ne saches pourquoi. Je ne mettais pas les mots sur mes maux. Tu es un cartésien, un poil terre à terre, et moi je me nourrissais de contes, et d’histoires extraordinaires.  Tu te prêtais au jeu, sans vraiment y croire, mais je savais que pour moi t’aurais décroché la lune, et des étoiles avec, si j’avais voulu.

Tu étais fasciné par la couleur de mes yeux, l’ourlé de ma bouche, et la douceur de ma peau. J’étais ce qui t’était arrivé de plus beau, mais de plus effrayant aussi.  Tu n’étais pas à l’aise avec moi. J’attendais tant de toi, que la pression était forte. Tu te demandais quel avenir pour nous deux,  et lisais  dans mes yeux, une vaste incompréhension. 

J’opinais de la tête au menton, je passais ma main dans tes cheveux, je laissais sur ta joue l’empreinte d’un baiser mouillé.

Les années ont filées et moi avec. Je t’ai ri au nez, comme on se moque d’un vieux con, et j’ai filé loin  de tes sermons. Tu n’as pas su me retenir, et je t’en ai voulu. Tu m’as laissé vivre ce que je devais sans jamais t’opposer.  Tu m’as vite expliqué, qu’il fallait faire ses propres expériences.  

Les soirs de détresse, c’est à ta cravate que je me pendais.  J’inondais souvent ta veste de mes larmes de crocodile .  Je monopolisais ta ligne téléphonique pendant des heures. J’oubliais que toi, t’avais une vie, une femme, un appartement, une voiture à laver mais plus de chien…

On a mis des années à s’apprivoiser.  Tes voyages, mon inconstance, nos non-dits, et mon insolence, ont fait qu’il fallait se redécouvrir après chaque silence. Tu sais combien je te suis reconnaissante, de m’avoir toujours soutenue quelque soit mes choix. Je sais que tu m’aime envers et contre tout, qu’importe le chemin que je décide de choisir, tu seras toujours là, au bout du chemin à faire le pitre pour me faire sourire.

Tu as cette pudeur, cette réserve, tu évite les curiosités mal placées. Tu m’écoute, me conseille sans jamais me juger, ni me faire la morale. Je te confie mes déboires amoureux, mes petits malheurs, plus aisément qu’à mes meilleurs amis.

 Alors, si on me demande aujourd’hui, qui sont mes meilleurs amis, à tous les coups, j' inclue mon père…

 

Jeudi 28 mai 2009 à 2:18

 

J’ai définitivement repris la cigarette.  23h30, dans l’appartement tout beau, tout grand, j’entends les chats se poursuivre. Kits  se pend au rideau, Aka lui saute dessus.  Même pas la force de gueuler… Je suis fatiguée de toute façon. D’une fatigue plus morale que physique. J’ai dormis pendant deux semaines de tout mon soul, et pourtant ma tête a besoin de repos. Ce soir le canapé est squatté, une PS3  alimente toute l’attention de l’assistance.   Je vaque donc à mes occupations, guettant une éventuelle connexion sur msn. J’ai commencé « la consolante »… Je maudis le style. C’est brouillon, c’est bobo.  L’illustration de la couverture est parfaitement le reflet du livre… J’abandonne la lecture… Charles et ses mystères, et ses non-dits, me prennent la tête. La critique à encenser ce torchon… Je continuerais demain, il y a certainement une raison, reste à savoir s’il ne s’agit pas juste du nom de l’auteur.

 Emmitouflée dans le plaid vert luciole, je suis bien là… une bouffée, la fumée… J’aurais presque envie de renouer avec le café… Comme la semaine dernière…  Entourée et seule. La solitude revêt parfois des aspects inattendus.  Il n’y a que les sirènes de GTA, la guerre des chats. Les touches du clavier, emplissent les 44 m2 de séjour. Pour sûr, ça manque de meubles, de tapis ici, et de moi aussi. Je regarde la décoration, et je me dis que le style épuré c’est pas mal. Du moi, ici ou là, y’en a presque pas… Il me manque un masque africain où est-il passé celui-là. Ce masque d’ébène, avec ce visage de femme cornue… Disparu, ça me chagrine de voir, qu’en tout et pour tout… J’ai pour repère ici, que ma veste et cet autre masque, posé négligemment sur le buffet.  Les fleurs offertes, pour ma pendaison de crémaillère ont fanés. Les pates sont toujours dans la gouttière et la pluie n’arrange rien à l’affaire.    Je me résigne à reprendre une clope, et californication, là où je l’avais laissé.  Je mets tout en vrac pour mieux ranger.  Des questions sans réponse, des idées mal  fagotées… Il manque à ma vie.  Cette vieille camarade de lycée, qui étudie la propédeutique… C’est quoi au juste ? 

Pas la curiosité de chercher… La PS3 s’est tu, plus de bruit de lui non plus… Il s’est endormi…et moi depuis combien de temps je dors ?

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